Programme

Enseignement secondaire

Les propositions d'Objectif France


L'Education est une priorité pour remettre la France debout. Or, aujourd’hui, notre pays est marqué par un paradoxe : nous sommes la nation où la redistribution des revenus entre classes sociales au sein d’une même génération est la plus forte des pays développés (OCDE) et, parallèlement, l’un de ceux où la reproduction sociale entre les générations est également la plus forte, ce qui démontre, pour partie au moins, l’échec de notre système éducatif à faire vivre un escalier social actuellement grippé.

Afin de renouer avec cette méritocratie qui a fait la réputation d’excellence du système éducatif français pendant des décennies, l’Enseignement secondaire, dans le prolongement de l’Ecole primaire, doit s'attacher en premier lieu à transmettre les savoirs fondamentaux : le français, les sciences et l'histoire-géographie. Ces matières doivent constituer un socle de connaissances pour tous. A partir de ce socle, l’Education nationale doit aussi promouvoir une ouverture au monde, une insertion dans la société du numérique et une préparation aux différents métiers.

De tels objectifs ne sont atteignables que si l'on restaure l'autorité nécessaire et la reconnaissance sociale comme pécuniaire du métier d'enseignant. Loin du carcan bureaucratique actuel, leur mission doit se déployer en accroissant l'autonomie des différents acteurs, en mettant en place de vrais parcours RH diversifiés et en donnant les outils d'une confiance renouvelée avec les familles.

Aujourd’hui, en termes de moyens financiers, la France consacre davantage que la moyenne des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) aux dépenses d’Education (sources publiques et privées incluses), soit 5,2 % de son PIB en 2017, contre 4,9 %, ce qui inclut des pays comme l’Allemagne (4,2 %) ou le Japon (4 %). Selon le ministère de l’Education nationale, la France a dédié 154,6 Md€ à son système éducatif en 2017, soit 6,7 % du PIB. Quels que soient les méthodes de calcul et les chiffres retenus, il apparaît d’emblée, en comparaison avec nos voisins, que la crise actuelle de notre système éducatif n’a pas pour principale cause un manque global de ressources.

Du côté des résultats, les chiffres sont inquiétants d’année en année. Le classement PISA de 2018 place ainsi la France au 23e rang sur 79 pays testés, avec des résultats en baisse par rapport à 2015 en lecture comme en sciences, soit loin derrière la plupart des pays développés, dont l’Allemagne et le Japon aux dépenses pourtant inférieures (cf. supra).

Pire, notre système éducatif ne parvient pas à atténuer les inégalités sociales. Toujours selon l’OCDE, l’écart de résultats scolaires entre les enfants de milieux aisés et ceux de familles modestes est visible dès l’âge de dix ans et apparaît beaucoup plus marqué en France que dans les autres pays développés.

Le système éducatif doit ainsi : assurer la transmission de valeurs et principes communs d’autant plus puissants que les individus proviennent de plus en plus de cultures différentes ; permettre à un maximum de citoyens de choisir et non subir leur destin, soit l’effectivité de l’escalier social ; donner à l’ensemble de la population les connaissances de base pour assumer sa citoyenneté et les compétences demandées par le marché du travail.

Or, au regard de ces enjeux, l’évolution est inquiétante.

Sur la valorisation de notre modèle national, notre Education a longtemps été « anationale », valorisant davantage « la diversité » que ce qui fonde notre unité, la nation. Face au développement d’un islam politique qui conteste les fondements de notre contrat social, la riposte ne peut être uniquement policière, juridique et militaire. Il s’agit de redonner « envie de France », de « gagner les cœurs et les esprits », ce qui place notre Ecole en première ligne.

Sur la promotion sociale, le constat est cinglant. Dans les années 60, moins de 20 % d’une classe d’âge détenait le baccalauréat. Aujourd’hui, plus de 80 %, notamment grâce à la forte diversification des diplômes (baccalauréats techniques puis professionnels). Pour autant, la part des fils d’ouvriers et d’employés dans nos grandes écoles est passée de près de 30 % à moins de 10 %.

Enfin, en ce qui concerne les compétences de base, l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI) estime que 7 % de la population adulte âgée de 18 à 65 ans ayant été scolarisée en France est en situation d’illettrisme aujourd’hui, soit 2 500 000 personnes en métropole. Au-delà de ce noyau, 22 % des adultes âgés de 16 à 65 ans ont un faible niveau de compétence dans le domaine de l’écrit et 28 % dans le domaine des chiffres, selon l’enquête du Programme pour l'évaluation internationale des compétences des adultes (PIAAC) de l’OCDE, publiée en 2013. Là encore, les résultats sont bien en-deçà de ceux de la plupart des autres pays développés. Dans un pays marqué par un chômage de masse, ce manque de maîtrise des fondamentaux scolaires contribue à laisser au bord du chemin environ 7 % à 8 % de la population active. Cela explique en grande partie une rigidité à la baisse du chômage. Sans maîtrise de ce socle de compétences, tous les efforts en matière de formation professionnelle resteront vains.


Synthèse en 27 points clés :


Revaloriser le salaire des enseignants

1 - Augmenter de 300 euros par mois le salaire net de l'ensemble des personnels enseignants de l'enseignement primaire et secondaire. Il s'agit d'une mesure de justice vis-à-vis de la mission que remplissent les enseignants pour l'avenir de notre pays. Cette hausse inédite de la rémunération des enseignants permettra de renforcer l'attractivité du métier qui est aujourd'hui insuffisante, et de nous rapprocher de la moyenne européenne. Concernant 860 000 enseignants, cette revalorisation coûtera près de 3,1 milliards d'euros par an. Pour les centaines de milliers d'enseignants gagnant moins de 2 500 euros nets par mois et qui seront concernés comme les autres salariés sous ce seuil par une hausse de salaire net de 1 000 euros par an, la hausse de rémunération totale atteindra 383 euros mensuels.


Etablir des programmes garantissant l’apprentissage des fondamentaux tout en veillant à la continuité pédagogique.

2 - Abroger la réforme du collège et revoir les programmes en les structurant autour de trois volets : approfondissement des fondamentaux (français, sciences et histoire-géographie) ; éducation physique, sportive et ouverture au monde (langues, éducation civique, numérique, enseignements artistiques, découverte professionnelle) ; illustrations concrètes de l’utilité des enseignements dans la vie d’adulte.

3 - Réécrire les programmes d'histoire et de français du collège sous l'autorité d'académiciens.

4 - Pour faciliter la souvent difficile transition CM2-collège, nommer des professeurs formés à enseigner 2 matières (bivalence).

5 - Recentrer l'enseignement de la technologie autour de la culture digitale (cyber vigilance), de l'apprentissage de la programmation informatique, de l'algorithmique, des usages numériques et de l’Intelligence artificielle (introduction).

6 - Mieux articuler le baccalauréat et les résultats dans ses différentes matières avec les filières de l’Enseignement supérieur.

7 - Développer un socle commun d’enseignements à distance, socle sur lequel chaque établissement pourra également faire développer des modules complémentaires. Ce socle pourra s’appuyer sur l’intelligence artificielle pour approfondir des cours vus en classe, identifier et combler des lacunes antérieures, adapter les exercices au besoin ponctuels de chaque élève/classe/enseignant, accompagner de manière soutenue les élèves en situation de handicap ou en décrochage et personnaliser le parcours de l’élève.


Revaloriser l'enseignement professionnel et faire de l'apprentissage une priorité

8 - Engager une mobilisation nationale des acteurs (parents, employeurs, professeurs, chefs d’établissement et Régions) pour faire découvrir aux élèves des métiers qui offrent de belles perspectives, et ce, en ouvrant les classes de 4e et 3e sur le monde des entreprises, y compris agricoles, tout en développant les filières d’apprentissage. L’Education nationale doit sortir d’une forme « d’intellectualisme » du « tous à la fac » qui ne travaille que deux à trois formes d’intelligence sur les huit existantes.

9 - Supprimer les conseillers d’orientation et donner toute latitude aux chefs d’établissement pour mener sa politique en la matière (partenariat avec des acteurs publics ou privés suivant les situations locales : branches professionnelles, CREFOP, OPCO, etc.).

10 - Possibilité pour les meilleurs élèves des lycées de rejoindre des filières professionnelles d’excellence au sein des centres de formations des apprentis (CFA) avec des passerelles pour rejoindre ensuite de grandes écoles, notamment d’ingénieurs.


Réaffirmer le sens de l'effort et le respect de l'autorité

11 - Instaurer une tenue homogène pour les élèves en collège dans le prolongement de l’Ecole primaire. Il s’agit de permettre à nos enfants de se construire dans un espace de neutralité où les classes sociales, le consumérisme et les signes extérieurs d’appartenance à un groupe autre que la Nation sont endigués.

12 - Instaurer une évaluation du comportement de l'élève au collège. Tout manquement déboucherait prioritairement sur des travaux d’intérêt général effectués au sein de l’établissement, l’exclusion ne devant constituer qu’une solution ultime.

13 - Enseigner le savoir être (se présenter, à mener une conversation, à gérer des désaccords, etc.).

14 - Pérenniser le temps alloué au sport tout au long du parcours scolaire avec un choix de disciplines à la carte sur la base d’un socle commun de fondamentaux (athlétisme, natation, gymnastique) et développer les rencontres inter-établissements, le tout en incluant les notions de sport bien-être et de sport santé. Débureaucratiser l'Education nationale

15 - Supprimer le Conseil supérieur des programmes et soumettre leur évolution à l’Institut de France et à ses académies.

16 - Réduire drastiquement le nombre de circulaires et d’instructions ministérielles en recentrant le ministère sur le « Pourquoi ? Quoi ? », soit essentiellement l’élaboration des programmes, la conception des examens nationaux et la construction de parcours professionnels valorisants pour les enseignants, en laissant aux chefs d’établissement et à ses équipes pédagogiques le soin de déterminer le « Comment ? » améliorer les résultats des élèves au regard des niveaux exigés par l’échelon national.


Renforcer la formation, la rémunération et la présence des enseignants dans l'établissement

17 - Outiller les services académiques en capacités de gestion des ressources humaines afin de décliner localement la construction de parcours professionnels diversifiés et attrayants, soit une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) permettant aux professeurs de passer de façon souple (par des formations d’adaptation sans changement de corps ni concours) de postes en face-à-face pédagogique à des fonctions de conception en rectorat en passant par du management comme chef d’établissement, et ce, après un minimum de 5 ans d’enseignement obligatoire en début de carrière.

18 - Revaloriser les traitements des enseignants en :

maîtrisant les effectifs ;
- développant une part au « mérite » dans leur rémunération, part décidée par le chef d’établissement avec, pour contrepartie, une mobilité obligatoire de ce dernier au bout de 5 ans de présence et des inspecteurs qui n’interviendront plus en premier ressort dans l’évaluation des enseignants, mais uniquement en cas de désaccord sous la forme d’un recours hiérarchique ;
- développant les possibilités de promotion accélérée pour les professeurs enseignant une seconde discipline ou leur discipline en langue étrangère ou encore qui acceptent d'enseigner dans des établissements difficiles ;
- augmentant progressivement le temps de présence des enseignants du second degré dans l'établissement afin de rendre effectif l'accompagnement personnalisé sans changer le nombre d'heures de cours devant élèves, soit un surcroît d’heures supplémentaires défiscalisées et désocialisées.


Encourager l'autonomie des collèges et des lycées dans un cadre qui reste national

19 - Evaluer régulièrement les établissements et les inciter à faire preuve d’initiatives en récompensant l’amélioration des résultats des élèves au regard d’évaluations nationales par des dotations budgétaires supplémentaires.

20 - Confier aux chefs d'établissement du second degré la possibilité de recruter les professeurs ainsi que le personnel de l'établissement à l’image de la fonction publique territoriale ou des établissements privés sous contrat. En contrepartie de cette grande liberté d’organisation et de gestion, chaque établissement signera un contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens avec le rectorat.

21 - Réaffecter l’allocation de rentrée scolaire des ménages aux établissements, charge à ces derniers d’acquérir puis de répartir les fournitures nécessaires à leurs élèves dont une tenue homogène (cf. supra).

22 - Faire du recrutement des chefs d’établissement une priorité, ces derniers constituant un enjeu majeur dans ce modèle très déconcentré.

23 - Accroître l'offre éducative dans les zones de revitalisation rurale et les zones urbaines sensibles en soutenant la création d'établissements publics ou privés innovants à l’image de l’initiative prometteuse « Espérance banlieues ».

24 - Développer les relations entre les établissements français et ceux de l’espace francophone afin d’échanger les bonnes pratiques pédagogiques tout en ouvrant les élèves sur le monde.


Redonner aux parents confiance dans l'école

25 - Protéger la liberté des parents de choisir d'inscrire leurs enfants dans l’établissement de leur choix, public ou privé, moyennant un « chèque éducation », soit la fin de la carte scolaire.

26 - Renforcer le dialogue parents-professeurs en généralisant les outils numériques de partage d'information comme « Ecole directe ».

27 - Assurer à tous les élèves en situation de handicap des conditions de travail et d'apprentissage adaptées tout au long de leur scolarité, notamment les dyslexiques qui représentent entre 5 % et 10 % des élèves. Cela signifie construire un parcours de vie scolaire donnant de la visibilité aux parents.


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